TAI CHI TSIEN (épée)

(Tai Ji Jian)

Ce que nous désignons en occident comme "le Tai Chi de l'épée" se nomme en Chine "Tai Chi Tsien " ou "Tai Ji Jian".

Tsien (jian) étant l'épée " et Tai Chi (taiji) le faîte suprême.

 

Dans la Chine ancienne, la Voie de l'Épée à double tranchant était respectée de tous.

 

La principale raison de ce respect tenait principalement aux qualités morales et spirituelles requises pour atteindre les plus hauts niveaux de cet art. Pour prétendre embrasser la Voie de l'Épée, le pratiquant devait en effet avoir d'abord impérativement maîtrisé le tai chi chuan à mains nues, ce qui implique qu'il devait consacrer un long moment à son entrainement en préparation de sa future pratique.

 

La pratique de l’épée est difficile, cela est dû au fait que l'épée est plus légère que le sabre et qu'il faut entraîner sa force intérieure.

En outre, possédant deux tranchants, l'épée nécessite davantage d'entraînement et de pratique pour maîtriser la puissance égale des deux tranchants sans les émousser et sans se blesser, pour couper tout en effleurant, par touches rapides les principales artères se situant près des articulations de l’adversaire (creux genou, aine, aisselle, coude, poignet).

Le sabre tranche, mais l'épée incise et vide l'adversaire de son sang, ce qui expliquera l’extrême précision et la maîtrise demandées lors l’apprentissage.

 

L’épée est une arme principalement défensive, et qui s'accommode mieux d'une stratégie de calme dans l'action.

Les escrimeurs pratiquaient d'ailleurs régulièrement la méditation et du Qi Gong afin d'y trouver le calme dont ils avaient besoin.

 

Outre ces qualités nécessaires pour développer son niveau de compétences, le disciple apprenait auprès de son maître les vertus de la morale.

Les maîtres développaient ces traits chez leurs élèves par l'exemple et en leur contant des histoires tirées des traditions séculaires.

Il était d'abord enseigné à l'élève la loyauté. Il apprenait ainsi à être loyal envers son pays, son maître, sa famille et ses amis.

La véritable loyauté impliquait jusqu'au don volontaire de sa vie.

Le second trait que l'élève se devait d'apprendre et de faire sien était le respect, étroitement lié à l'humilité. Si l'on est humble, on peut respecter le style, les autres pratiquants, ses parents et son enseignant(e).

L'un des autres traits de caractère que les maîtres cultivaient chez leurs élèves, et le plus important de tous, était la droiture.

 

Pour aborder l'art de l'épée, l'élève devrait en tout premier lieu cultiver en lui les vertus de la patience et du calme, et développer sa détermination et sa probité.

L’étude de l’épée a une action évidente pour le combat, simultanément ce sera aussi un apprentissage d’une façon de vivre, la canalisation des émotions pour leur utilisation, pour progresser jusqu'à une élévation philosophique et spirituelle.

 

Psychologiquement, la pratique de l’épée développe une volonté forte et permet de mieux se diriger dans la vie. Elle fortifie la prise de décision, l'autonomie et l'estime de soi. Elle permet de se positionner par rapport à ses émotions et de les accepter en les maîtrisant puis en les sublimant.

 

Quelques réflexions sur l'Art de l'Epée :

 "Il faut chercher à émousser complètement l'épée du tyran, non pas en la heurtant avec un acier mieux effilé, mais en trompant son attente de voir lui offrir une résistance physique"

Gandhi

 

"Plus l'épée est droite, plus le mouvement doit être circulaire"

 

" L'épée est un trésor dans son fourreau"

 

Le vrai guerrier est celui qui garde son épée dans son fourreau, car il inhibe toute agressivité par sa simple présence et permet d'apaiser toutes les passions. C'est ce que nous appelons "vaincre sans combattre" : la vraie voie de l'artiste du Wu Shu (dont la traduction exacte est l'art d'arrêter la lance, et non comme trouvé trop souvent "art martial").